11 septembre 2024

ANNIVERSAIRE DU COUP D'ÉTAT AU CHILI

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PHOTO 1971. Michael Mauney
—Time Life Pictures / Getty Images

1973 - 11 septembre - 2024
51ème anniversaire du coup d'État 
contre le président Salvador Allende
Les commémorations sont fastidieuses quand elles déroulent leur mécanique solennelle de discours et d’éloges, en revanche, quand elles restituent un héritage et éclairent notre présent, elles sont, non seulement utiles, mais nécessaires. C’est dans cette optique que nous commémorons aujourd’hui le cinquantième anniversaire du coup d'État au Chili qui a renversé le président socialiste Salvador Allende. 
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Allende est devant nous, à l’horizon de nos préoccupations les plus actuelles. Malgré les mutations du monde, nous sommes et restons allendistes, c’est-à-dire fidèles à une promesse politique que les années n’ont fait que raffermir.

Beaucoup de places, de rues, d’écoles dans le monde entier portent aujourd’hui son nom et nous nous en réjouissons. Mais il est à craindre que, pour les générations futures, son action politique ne soit réduite aux lieux communs qui résument une époque : «socialisme», «révolution», «intervention américaine», «coup d’état». La célébration des cinquante-trois ans de l'Unité Populaire devrait nous permettre de retrouver, à travers cette foule de clichés, la singularité du message de Salvador Allende.

Chili, 1970. Un petit pays du bout du monde va susciter l’intérêt, la curiosité et l’admiration du monde entier. À la tête d’une coalition de forces de gauche, l’Unité populaire, Allende vient d’accéder au pouvoir pour réaliser un programme politique jamais vu : l’instauration progressive d’un modèle socialiste dans le cadre démocratique. Le projet est révolutionnaire, dans le sens le plus noble du mot, c’est-à-dire parfaitement nouveau. C’est «la voie chilienne au socialisme». Pas d’armes, pas de dictature, pas de soumission ; les urnes, la conscience politique du peuple, les lois. Les leçons du stalinisme semblent avoir été tirées, la guérilla comme alternative politique écartée, Allende n’avance pas en théoricien, ni en aventurier, il connaît son pays, il a été de toutes les luttes, il a derrière lui des vieux partis avec une profonde assise populaire. Son objectif est clair et peut se résumer en un mot : plus de justice sociale. La commotion sera terrible, l’opposition féroce, un grand pays comme les États-Unis sentira très vite grandir la menace et mettra tout en œuvre pour l’abolir. Nous connaissons la suite. Allende mourra dans le Palais de la Moneda, pour faire comprendre aux générations futures, qu’entre la démocratie qu’il incarne et l’état d’exception qui va se mettre en place il ne saurait y avoir de continuité, mais crime, imposture et ignominie.

Le XXème siècle compte peu d’hommes politiques qui incarnent un projet d’avenir, Allende est l’un d’eux.

MC

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4 septembre 2024

ANNIVERSAIRE DE L'ÉLECTION DE SALVADOR ALLENDE


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SALVADOR ALLENDE BAIN DE FOULE

  1970 - 4 SEPTEMBRE - 2024
54ème ANNIVERSAIRE DE 
L'ÉLECTION DE SALVADOR ALLENDE
Le 4 septembre 1970, il est élu à la présidence de la République du Chili avec 36,3% des suffrages, face à deux candidats de droite : Jorge Alessandri, candidat du Parti national, qui a obtenu 35% des suffrages, et le démocrate-chrétien Radomiro Tomic (27,8% des suffrages), lâché par le patronat et les États-Unis.
SALVADOR ALLENDE
En l'absence de majorité absolue et faute d'un deuxième tour qui départagerait les deux candidats arrivés en tête, la Constitution confie au Sénat le soin d'arbitrer l'élection. C'est ainsi que les sénateurs démocrates-chrétiens joignent leur voix à la gauche pour valider l'élection de Salvador Allende. Ils espèrent la poursuite des réformes d'Eduardo Frei dans le respect des règles démocratiques.

Pour la première fois, un marxiste accède par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine. C'est un électrochoc dans l'opinion internationale et en particulier dans la gauche française, où l'on se prend à rêver à l'impensable : l'établissement d'une société socialiste par la voie constitutionnelle...

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22 juin 2024

116ème ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SALVADOR ALLENDE

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SALVADOR ALLENDE
PHOTO NOSTALGIA A COLOR
1908 - 26 JUIN - 2024
CENT-SEIZIÈME ANNIVERSAIRE DE LA
NAISSANCE DE SALVADOR ALLENDE
Salvador Guillermo Allende Gossens, né le 26 juin 1908 à Santiago du Chili et mort le 11 septembre 1973 ibidem. Il fut médecin et homme d'état socialiste, Président de la république du Chili du 3 novembre 1970 au 11 septembre 1973.
« ALLENDE À L'UNIVERSITÉ TECHNIQUE D'ÉTAT (UTE) »
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Président du Chili sous le gouvernement d'Unité populaire, Salvador Allende restera dans l'histoire comme le premier leader politique ayant dirigé une tentative de «transition pacifique » et dans la légalité vers le socialisme. 



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« 116 ans Salvador Allende
 hommage à l'occasion de
 son anniversaire »

FLYER PCCh

 


20 septembre 2023

CINQUANTE ANS APRÈS LE COUP D’ÉTAT AU CHILI, PÉRIGUEUX N’OUBLIE PAS

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LE RÉALISATEUR RODRIGO LITORRIAGA, AVEC SES AMIES CHILIENNES
ET UNE REPRÉSENTANTE DE LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME,
DEVANT LA FRESQUE LATINO-AMÉRICAINE
DE LA MÉDIATHÈQUE PIERRE-FANLAC.
PHOTO HÉLÈNE RIETSCH

Cinquante ans après le coup d’État au Chili, Périgueux n’oublie pas/ Soutenus par la Ligue des droits de l’Homme, plusieurs Périgordins du Chili organisent vendredi 22 septembre une soirée hommage pour parler du Chili à l’espace Aragon « et rester en alerte »

Par Hélène Rietsch

« Il nous fallait commémorer les 50 ans du coup d’État militaire au Chili. Il est difficile encore aujourd’hui de casser le pacte du silence des militaires », témoigne Rodrigo Litorriaga, réalisateur d’origine chilienne, installé depuis un an et demi en Périgord. On lui doit le Toumaï festival, festival de cinéma jeune public à Périgueux.

LE CHILI, CINQUANTE ANS APRÈS LE COUP D´ÉTAT

Droits de l’Homme

Avec l’appui de l’antenne de la Ligue des droits de l’Homme et de plusieurs amies chiliennes, il organise une soirée pour « rester en alerte », à l’heure où sept ex-soldats ont été définitivement condamnés pour l’assassinat du chanteur Victor Jara.

ILLUSTRATION KATIA ODARTCHENKO

► À lire aussi :     50ème ANNIVERSAIRE DU COUP D'ÉTAT AU CHILI

À partir de 18 h 30, vendredi 22 septembre, on pourra voir à l’espace Aragon (1) deux courts métrages, « Septembre chilien », sur la junte chilienne après le coup d’État de 1973, et un extrait de « On vous parle du Chili », de Miguel Littin et Chris Marker, où l’écrivain et philosophe Régis Debray, qui fut engagé au côté de Che Guevara, interviewe Salvador Allende. Le public sera également invité à découvrir quelques photos prêtées par l’Institut Cervantès de Bordeaux.

« L’impact du coup d’État sur les familles est toujours là. Elles vivent la distance, la séparation. Le Chili reste dans nos cœurs », témoigne Paula Becker, agricultrice d’origine chilienne, depuis vingt ans en Dordogne.


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DESSIN PATRICIO PALOMO
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19 septembre 2023

HOMMAGE À SALVADOR ALLENDE

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APRÈS AVOIR ÉTÉ NOMMÉ COMMANDANT EN CHEF DE L'ARMÉE
CHILIENNE PAR LE PRÉSIDENT SALVADOR ALLENDE,
AUGUSTO PINOCHET (À GAUCHE) POSE AVEC CE DERNIER,
LE 23 AOÛT 1973 À SANTIAGO. TROIS SEMAINES APRÈS,
LE COUP D'ÉTAT DU GÉNÉRAL RENVERSERA
ALLENDE ET ENTRAÎNERA SA MORT.   
PHOTO AFP
CHRONIQUE/ Hommage à Salvador Allende/ 
Logo Hebdo La Vie
À l’occasion de la commémoration au Chili des 50 ans du coup d’État du général Pinochet, notre chroniqueur revient sur les événements du 11 septembre 1973. Et évoque la mémoire du Président chilien et sa tentative de faire surgir une société socialiste.

Par Gaël Brustier, politologue et essayiste

Il y a 50 ans, le complot d’Augusto Pinochet aboutissait au massacre de milliers de Chiliens. Son plan était simple : mener par une armée formée « à la prussienne » une guerre d’extermination des élites de gauche de son pays, lancer une politique économique néolibérale et changer le sens commun dans la société chilienne.

ILLUSTRATION KATIA ODARTCHENKO

► À lire aussi :     50ème ANNIVERSAIRE DU COUP D'ÉTAT AU CHILI

Pendant de nombreux jours, la junte a massacré l’élite politique de la gauche chilienne. D’abord au palais de la Moneda, où le Président Salvador Allende suicidé, tôt, le 11 septembre 1973, après son ami Augusto Olivarès, le « premier » mort du palais de la Moneda. Leur suicide exprimait d’abord le refus d’être abattu par la junte et se voulait la preuve leur volonté implacable. Leur décès a échappé à Pinochet et à ses sbires.

Mille, c’est le nombre de jours de pouvoir de Salvador Allende. Élu à l’arraché face à Jorge Alessandri et Radomiro Tomić, Allende rassemble un front d’unité populaire…. Ce dernier comprend notamment le Parti communiste, le Parti socialiste et les chrétiens de gauche (le Mouvement d’action populaire unitaire, Mapu). Tous paieront leur volonté de changement. Tous, dans ce pays long de 4 000 km, à la suite d’Allende, arpenteront le sol chilien, se donneront totalement pour faire surgir une société socialiste. Là était leur crime.

Le dernier avion qui décolle, le lendemain du 11 septembre, envoyé par le Mexique, sauve quelques vies. Les militaires veulent avoir entre leurs mains ceux qu’ils jugent dangereux. Dans la ville, tortures et exécutions sommaires se succèdent. Le film de Costa-Gavras Missing témoigne du crime de masse commis pendant ces journées. La fin de Pablo Neruda, le déchaînement de haine contre Víctor Jara, le grand chanteur chilien, témoignent de l’ampleur du crime.

PATRIA, LP, ALBUM, DICAP 2 C 068-9828

[ Pour écouter cliquez ICI ! ]

«VALSE DE COLOMBES» MUSIQUE EDUARDO CARRASCO,
ARRANGEMENTS QUILAPAYÚN CE TITRE EST EXTRAIT
DE L' ALBUM «PATRIA» PARU 1976 EN FRANCE.

France, terre d’asile des exilés chiliens

En France, l’organisation de l’accueil passe par les communes communistes et socialistes. La Valse de Colombes, du célèbre groupe des Quilapayún, rend hommage à cet accueil. Car, l’arrivée des exilés chiliens ne saurait se réduire à un simple accueil de réfugiés. Elle est un enrichissement culturel incomparable. Les disques des « Quilas » (ou Quilapayún), leur présence sur les scènes de l’Hexagone, les films de Patricio Guzmán, tout cela fait partie du patrimoine français.

Cinquante ans ont passé : il reste à méditer le dernier discours d’Allende, flétrissant « la félonie, la lâcheté et la trahison ». Le Chili est une leçon de vie pour la France.

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DESSIN PATRICIO PALOMO
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11 septembre 2023

50 ANS APRÈS, SEPTÈMES SE SOUVIENT D’ALLENDE

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PHOTO LA MARSEILLAISE

50 ans après, Septèmes se souvient d’Allende/ André Molino, maire de Septèmes-les-Vallons et des élus communistes et socialistes, ont rendu hommage au président chilien renversé par le coup d’État de Pinochet le 11 septembre 1973. / LA MARSEILLAISE /SEPTÈMES-LES-VALLONS / Vibrante cérémonie à Septèmes-les-Vallons, dédiée à Salvador Allende et à travers lui à l’Unité populaire, ce rassemblement qui regroupait, au Chili, socialistes, communistes et gauche chrétienne, renversé par le putsch de Pinochet, 50 ans plus tôt.

La Marseillaise

PHOTO LA MARSEILLAISE

«Un coup d’État organisé par les forces les plus réactionnaires du Chili avec l’aide active de Washington faisait tomber le gouvernement de l’Unité populaire présidé par Salvador Allende. Ce sont les classes dominantes qui ont décidé du coup d’État qui a coûté la vie au président Salvador Allende, et à des milliers de militants et de simples citoyens soupçonnés d’être attachés aux idées de progrès », rappelle André Molino, maire communiste de la commune.

PHOTO LA MARSEILLAISE

Avant de fleurir la plaque de la place Salvador-Allende « mort les armes à la main pour la défense de la démocratie », il énumère les objectifs politiques de l’Unité populaire, aujourd’hui repris par de nombreux mouvement de la gauche latino-américaine : «Démocratie de participation populaire, réforme agraire d’ampleur, nationalisation des ressources naturelles au service du développement social, droits nouveaux pour les travailleurs et pour les peuples indigènes... »

ILLUSTRATION KATIA ODARTCHENKO

► À lire aussi :     50ème ANNIVERSAIRE DU COUP D'ÉTAT AU CHILI

« Jamais vous n’arrêterez le printemps »

Jérémy Martinez, membre de la direction fédérale du PS 13 et élu septémois souligne « l’horreur » du régime de Pinochet après l’écrasement du gouvernement démocratique : « La suite nous la connaissons, le coup d’État, la dictature militaire, les prisonniers, les torturés, les déplacés, les disparus... jetés d’hélicoptères en plein vol dans l’océan pacifique qui portait bien mal son nom en cette période. »

PHOTO LA MARSEILLAISE

Audrey Cermolacce, élue septémoise et membre du conseil national du PCF, a quant à elle, appelé à prolonger la lutte pour « l’emporter sur les logiques de profits et de domination de quelques-uns au détriment du plus grand nombre et de l’intérêt général » en citant le poète chilien Pablo Neruda : « Vous pouvez détruire toutes les fleurs, mais vous ne pourrez jamais arrêter le printemps. »


ANDRÉ MOLINO BOUCHES-DU-RHÔNE LA MARSEILLAISE POLITIQUE SEPTÈMES-LES-VALLONS


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DESSIN PATRICIO PALOMO
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26 juin 2023

115ème ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SALVADOR ALLENDE

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FLYER PCCh


SALVADOR GUILLERMO ALLENDE GOSSENS, NÉ LE 26 JUIN 1908 À SANTIAGO DU CHILI ET MORT LE 11 SEPTEMBRE 1973 IBIDEM. IL FUT MÉDECIN ET HOMME D'ÉTAT SOCIALISTE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI DU 3 NOVEMBRE 1970 AU 11 SEPTEMBRE 1973.
Président du Chili sous le gouvernement d'Unité populaire, Salvador Allende restera dans l'histoire comme le premier leader politique ayant dirigé une tentative de «transition pacifique » et dans la légalité vers le socialisme. 

10 décembre 2022

L'IMPOSSIBLE RÉGULATION DES MULTINATIONALES

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FOTO BETTMANN
1972 : le Président du Chili, Salvador Allende met en garde les Etats contre la puissance des multinationales. Ce pouvoir n'a fait que croître depuis, tout comme leur impunité. Un texte est en discussion à l'ONU depuis 2014 pour les obliger à respecter les droits humains. Pas gagné !
«L'impossible régulation des multinationales»  LA BULLE ÉCONOMIQUE

France Culture

"nous sommes face une confrontation directe, États ". Salvador Allende. Le discours en entier à l'écrit ici.

C'est le Président chilien qui parle. Salvador Allende, le 4 décembre 1972 lors de la 26e assemblée générale de l'ONU. Ici pour entendre ce discours en entier.

Élu démocratiquement deux ans plus tôt, le Président socialiste sera renversé par un coup d'État moins d'un an après ce discours... prophétique. "Les grandes firmes transnationales portent atteinte aux véritables intérêts des pays en développement et leur action dominatrice et incontrôlée s'exerce également dans les pays industrialisés où elles sont implantées" poursuit Salvador Allende.

50 ans après que ces mots furent prononcés, le pouvoir de celles qu'on nomme aujourd'hui les multinationales n'a fait que prospérer, mais elles ne sont toujours pas sujet de droit. Contrairement aux États, qui sont tenus par le droit international, les multinationales, en tant qu'entité mondiale opérant dans tous les pays, ne sont pas responsables juridiquement.

Elles le sont, localement, mais la maison mère est rarement inquiétée pour des atteintes à l'environnement ou aux droits humains qu'une filiale ou un sous-traitant agissant sous ses ordres aurait causé.

Mettre un terme à cette impunité, c'est la mission que s'est fixée un groupe de travail créée en 2014 au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Cinq pays sont à l'initiative de ce groupe, l'Afrique du Sud, la Bolivie, Cuba, le Vénézuéla et l'Equateur.

Chaque année, dans un silence médiatique quasi total, ce groupe de travail intitulé "Open-ended intergovernmental working group on transnational corporations and other business enterprises with respect to human rights" se réunit. En octobre dernier, c'était sa 8e réunion, à Genève.

Un sujet essentiel boudé par les USA et l'UE

Ce groupe est dit open-ended, tout le monde est libre d'y participer. La France le fait depuis le début, en tant qu'observatrice, les États Unis l'ont en revanche ignoré pendant plusieurs années, avant de le rejoindre il y a deux ans. Vos travaux sont capitaux, reconnaît la représentante américaine, mais : "Nous continuons de croire qu'une approche moins prescriptive aurait plus de chance d'obtenir l'assentiment des États et d'autres parties prenantes clés".

Moins prescriptive, cela veut dire moins contraignante, or l'objet de ce groupe de travail, sa raison d'être pour utiliser un mot à la mode, c'est justement de passer des recommandations à la contrainte, des prescriptions, des codes de bonnes conduites, des principes directeurs.... du droit mou en somme, pléthorique sur ce sujet, à la loi dure, la dura lex.

Ce pas, la France l'a franchi en 2017, un mois avant les élections présidentielles. La loi sur le devoir de vigilance rend possible l'assignation en justice des entreprises qui ne mettent pas tout en œuvre pour prévenir les dommages que pourraient causer leurs activités, celle de leur filiale ou de leur sous-traitant.

Total pour ses activités en Ouganda, EDF au Mexique, Casino en Amazonie, Suez au Chili. Une dizaine d'affaires sont en cours. Toutes concernent des entreprises françaises...

L'an dernier, la Commission européenne a proposé d'étendre ces principes de vigilances à tous les pays de l'UE. Les discussions sont en cours, et les ONG s'inquiètent que le gouvernement français ne manœuvre en coulisse pour affaiblir le texte européen, et ainsi affaiblir la portée de la loi française si pionnière, ce que Bercy dément vigoureusement. Ici un article de Mediapart à ce sujet.

À Genève, l'Union Européenne a comme les États-Unis seulement prononcé un propos liminaire, sans s'impliquer dans les négociations, car elle n'a pas de mandat des États pour négocier, dit-elle, et est en train d'élaborer son propre texte. En résumé, ni l'Union Européenne, ni les États-Unis ne sont intéressés pour participer au "Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en ce qui concerne les droits de l'homme".

Aussi discrètement qu'elle avait commencé, la huitième réunion de ce groupe de travail sur les multinationales s'est achevée sur un relatif échec, deux textes discutés en parallèle, et la promesse d'avancer d'ici la 9e session.

Il y a 50 ans, l'Assemblée générale de l'ONU avait applaudi Salvador Allende pendant une longue minute. Depuis ce discours, les multinationales sont passées de 7 000 à plus de 100 000 estime-t-on, 900 000 avec leurs filiales.

Mais le changement le plus déterminant est qualitatif : celles qui dominent aujourd'hui les États n'existaient pas du temps d'Allende.

Gafam en occident, BATX en Asie, la puissance de ces empires numériques semble sans limite.

Dominer les États puis les remplacer ?

Non seulement les États, même les plus forts, États Unis en tête, en dépendent pour leur fonctionnement, du stockage de leurs données à leur besoin de renseignement, mais ils peinent à aligner autant de milliards que ces géants privés dans ce qui façonne déjà le monde d'aujourd'hui et celui de demain : le big data, le cloud, l'intelligence artificielle, sans oublier toutes les infrastructures.

Pour certaines de ces plateformes, dominer les États est un acquis, l'étape d'après, accélérée par le Covid 19, c'est de grignoter leurs prérogatives, et pourquoi pas même de les remplacer.

Google et Amazon se positionnent sur la santé et l'éducation, Facebook a voulu un temps quasi-battre monnaie numérique. Preuve que les États eux-mêmes prennent ça au sérieux, le Danemark a créé en 2017 un poste d'ambassadeur auprès des Gafa.

En 2017, le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a très clairement exposé ses ambitions dans un texte intitulé "Construire une communauté globale". Le texte ici. Une analyse "La tentation hégémonique de Mark Zuckerberg et de Facebook" par Gérard Wormser, ici.

"Dans des temps comme les nôtres, la chose la plus importante que nous puissions faire chez Facebook, c’est de développer l’infrastructure sociale pour donner aux gens le pouvoir de construire une communauté globale effective pour nous tous [that works for all of us]. Dans la dernière décennie, Facebook s’est employé à connecter des amis et des familles. Sur cette base fondatrice, notre prochain objectif sera de développer l’infrastructure sociale pour les communautés – pour nous soutenir, pour veiller à notre sécurité, pour nous informer, pour l’engagement civique et pour l’inclusion de tous" écrit Mark Zuckerberg.

Que peut un groupe de travail méprisé par les États les plus puissants face à de telles velléités ? S'il tient bon, il y aura tout lieu de longuement applaudir sa ténacité !

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1 octobre 2022

GAILLON. UNE TRENTAINE DE PERSONNES ONT CÉLÉBRÉ LA MÉMOIRE DE SALVADOR ALLENDE

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 PHOTO L'IMPARTIAL

Les réfugiés chiliens et leurs enfants installés à Gaillon depuis 1976 ont célébré mi-septembre la mémoire de Salvador Allende.

Par Pierre Boissonnat

Une gerbe de fleurs au couleurs du Chili a été déposé au pied du buste de Salvador Allende à Gaillon, vendredi 16 septembre pour commémorer la mort du président chilien.

La mi-septembre est le moment de réaffirmer les liens d’amitié entre Gaillon (Eure) et le Chili en commémorant l’assassinat de Salvador Allende le 11 septembre 1973 lors du coup d’État perpétré par le Général Pinochet. Une trentaine de personnes a participé à l’événement vendredi 16 septembre 2022.

La cérémonie n’a pas eu lieu à la date anniversaire de cet événement tragique mais 5 jours plus tard. Un décalage que les membres de l’association franco-chilienne Pablo Neruda, qui réunit les descendants des 60 réfugiés qui sont arrivés à Gaillon en 1976, ont expliqué :

« Gabriel Boric, représentant de la gauche chilienne a été élu président en octobre 2021. Il a lancé un processus constitutionnel sans précédent qui a abouti à un vote sur une nouvelle constitution dans le pays. »

La crainte d’un nouveau coup d’État

Vote qui a eu lieu le 4 septembre et s’est soldé par un refus d’une nouvelle constitution. « Nous avons préféré retarder de quelques jours notre cérémonie afin de mieux pouvoir prendre en compte cet événement dans notre intervention. Nous craignions un nouveau coup d’État venant de la droite réactionnaire », ont indiqué les membres de l’association.

Dans son discours, Francisco Ricchiuti, membre actif de l’association, après avoir souligné « l’attention bienveillante de la population gaillonnaise » à l’égard des réfugiés chiliens, a sonné la charge contre les « héritiers de Pinochet » :

« La classe dominante préfère entraîner avec elle toute la société dans le gouffre plutôt que de renoncer au pouvoir et à ses privilèges. »

60 réfugiés accueillis à Gaillon en 1976

Ensuite, Guy-Richard Mouaka, adjoint au maire en charge, il a suppléé Odile Hantz, maire absente du fait d’autres engagements, a pris la parole. L’élu a appelé à « une vigilance constante » et à « ne pas oublier les horreurs du passé ».

Après ces prises de parole et le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied du buste de Salvador Allende, réalisé par le sculpteur chilien Edulio Barrientos, l’assemblée a entonné d’abord la Marseillaise puis l’hymne des partisans de Salvador Allende.